Le site le plus emblématique de notre commune est sans nul doute la « Pierre Tournisse » ! Il se situe au Nord-est de la commune, et est visible de la route de Roussay sur les terres de la Pennedaire. Selon Jules Spal (1877), c’est l’une des plus remarquables roches de France. On lui donne des formes aussi variées que fantaisistes : un énorme rouleau, un dé à jouer, une tête de mort, une boule, une poire de Catillac posée sur sa queue, une toupie, une vesse de loup . . . bref, un inventaire à la Prévert ! Tout dépend sans doute de l’angle sous lequel on regarde ce rouler (rowler). C’est un rocher qui, de tous temps, a titillé l’imagination des hommes : on a vu dans ce monument l’expression de cultes aujourd’hui disparus, utilisé pour des sacrifices humains, contenant en son ventre les enfants à naître à Torfou, qui descendait toutes les nuits se désaltérer dans le ruisseau du Bon-Débit, qui tournait trois fois sur elle-même à Noël quand s’égrenaient les douze coups de minuit, par une nuit sans lune et allait prendre son bain dans le ruisseau. Un vrai conte de fées ! ( Contes et Légendes de la Pierre Tournisse)
Si l’on s‘en tient au très sérieux inventaire du patrimoine géologique des Pays de Loire, on retiendra cette description très didactique :
« Le site se situe au nord-est de la commune de Torfou, à proximité de la départementale 46. Le massif granitique d’Orvault-Mortagne, dont est constituée la totalité du sous-sol de la commune de Torfou, est particulièrement bien exposé au lieu-dit la Pierre Tournisse ; il se présente sous forme d’un spectaculaire chaos granitique ou de nombreux blocs métriques à plurimétriques sont visibles, souvent en dos de baleine. Le plus remarquable d’entre eux est sans nul doute la Pierre Tournisse qui atteint 5 mètre de hauteur, près de 30 mètres de circonférence pour un volume d’environ 150 m3 et une masse de 160 tonnes. Le phénomène d’arénisation y est aussi bien visible. »
D’après Jules Spal, son poids serait estimé à 350 tonnes : poids avéré si l’on s’en tient à son volume et à la masse volumique du granite.
Description de la Pierre-Tournisse
Largeur à hauteur d’homme : face ouest 4.30m – Face sud : 5.70m – Face est : 6.20m – Face nord : 5.30m
Circonférence à hauteur d’homme : 21,50m mais elle s’élargit en montant et forme au sommet une plate-forme de 30m de circonférence.
Volume : de 145 à 150m3
Poids : 160 tonnes pour Célestin Port et 350 tonnes pour Jules Spal (masse vol. 2,5T/M3 !)
La Pierre-Tournisse est posée fièrement sur un mamelon de granite. Malgré l’importance de ses dimensions, le déséquilibre de sa forme, sa surface d’appui qui n’est que de 0.40m2, elle domine de 20 mètres le ruisseau du Bon-Débit qui coule à ses pieds
La plate forme est creusée de 3 bassins circulaires dont le plus régulier a 1mètre de diamètre. Quatre rigoles servent à écouler le trop plein des bassins. Tout à côté du monument se trouve un autre rocher à bassins. Ces bassins ont une origine toute naturelle due à l’érosion.
Comment ce rocher est-il arrivé sur cette colline ? S’il est en permanence en milieu humide, le granite est une roche friable, du fait de ses fissures. Sous l’action de l’eau chargée de gaz carbonique et d’acides divers, les constituants du granite sont dissociés, formant un sable grossier appelé arène. Emportés par les eaux de ruissellement, l’arène s’en va garnir le lit des ruisseaux et rivières (c’est ce sable que l’on retirait de la Sèvre pour les constructions), tandis qu’apparaissent les blocs et les boules.
De nombreux historiens régionaux s’accordent pour attribuer à la Pierre Tournisse une vocation plus mystique. Le rocher aurait été le théâtre de cérémonies druidiques comportant des sacrifices humains dans les cuvettes décrites ci-dessus. Sans aller aussi loin dans ces allégations, il est plausible que ce lieu ait servi à des célébrations, d’autant plus que selon Jules Spal d’autres peulvans (peulvan de la Pierre-Bise) ou des débris de dolmen sont connus en 1877 à proximité de la Pierre Tournisse. On a retrouvé près de la Pierre Tournisse une hache en silex, ce qui prouverait que ce lieu était déjà fréquenté au néolithique et sans nul doute plus récemment.
La pierre a failli disparaître au XIX ème siècle, en tout cas, elle a été réduite : un spéculateur voulait à son profit transformer la roche en rouleaux pour battre le blé. Heureusement l’opération a échoué mais tout un fragment a disparu sur le nord-est du monument.